La Blessure d'Injustice et le Masque du Rigide
- Rachel Durant
- 14 janv. 2020
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juin
Et si cette exigence constante envers vous-même…Ce besoin de bien faire, d’être irréprochable, de ne jamais flancher… S’il venait d’une blessure d’injustice ?
Dans ma pratique, je rencontre des personnes qui vivent tout en tension. Elles sont droites, précises, fiables. Elles tiennent bon, coûte que coûte et veulent que tout soit juste, voir parfait. Elles s’oublient et repoussent leurs limites. Elles sourient, même quand ça brûle à l’intérieur.
Derrière cette rigueur, je perçois souvent un grand vide de chaleur, de reconnaissance, de permission d’être simplement humaine. Ce sont des femmes qui, enfants, ont grandi dans un environnement froid, critique, parfois autoritaire, où l’erreur n’avait pas sa place. Il fallait être fortes, performantes, sans montrer la moindre émotion.
Alors elles ont enfilé le masque du rigide. Celui qui veut faire mieux que tout le monde, pour enfin être reconnu. Celui qui pense qu’il faut mériter l’amour, puisque rien n’est donné. Celui qui cherche la justice, sans jamais s’accorder de douceur.
La personne qui commet une injustice dit, en creux : « Vous n’avez pas le droit d’être qui vous êtes ». Elle impose des règles sans cœur, des attentes impossibles, une sévérité qui brise la spontanéité.
Pour guérir cette blessure commence par réapprendre à sentir ses émotions, à respirer, à s’autoriser l’erreur, la lenteur, le plaisir. Ce sera aussi apprendre à relâcher l’armure du contrôle pour retrouver le goût de la liberté intérieure.

La blessure d’injustice
La blessure de la froideur
La blessure d’injustice s’installe généralement entre 3 et 5 ans, au moment où l’enfant prend conscience qu’il est une personne à part entière, distincte des autres, et en particulier de ses parents. Cette blessure se manifeste avec le parent du même sexe, avec lequel l’enfant ressent une difficulté à exprimer ses émotions et ses sentiments. Ce parent apparaît comme froid, distant, malgré une entente correcte, mais superficielle. On s’entend bien, mais on évite de parler de ce que l'on resent vraiment. Ce parent est perçu comme autoritaire, critique, sévère, parfois intolérant ou conformiste. La plupart du temps, il porte lui-même cette blessure d’injustice, il la transmet sans le vouloir.
Un masque de rigide pour se protéger du ressenti
Pour se protéger de cette souffrance, l’enfant se rigidifie. Il endosse un masque de rigide. Ce masque n’est pas signe d’insensibilité, au contraire, la personne rigide est très sensible, mais fait tout pour ne pas se connecter à cette sensibilité et surtout pour ne pas la montrer.
Cette apparente froideur est une stratégie de défense. Parmi les cinq blessures, le rigide est celui qui bloque son plexus solaire pour se couper du ressenti. Il adopte une posture fermée, croise souvent les bras, porte fréquemment des vêtements sombres, répond rapidement “très bien” quand on lui demande comment il va, sans vraiment prendre le temps de sentir.
Confusion entre juste et parfait, entre rigidité et discipline
Le rigide est perfectionniste. Il croit que la perfection est la condition pour être juste. Il cherche donc la justice, il ne peut imaginer que ses actions, même alignées sur ses critères, puissent être injustes.
Il aime l’ordre, mais peine à distinguer les moyens de l’objectif. Il confond rigidité et discipline. Par exemple, il s’accroche aux moyens (faire du sport), oubliant parfois le besoin initial (être en bonne santé). La discipline, elle, sait ajuster les moyens selon les besoins réels, comme faire une pause en cas de fatigue.
Stress et maladie
Le rigide se met une pression énorme pour atteindre la perfection. Il est facilement stressé, mais rarement malade, grâce à une grande capacité à occulter la douleur. il refuse souvent de demander de l’aide, il n’a parfois pas de médecin traitant et peut se vanter de ne pas prendre de médicaments. Lorsqu’il décide de se soigner, c’est généralement parce qu’il a atteint ses limites.
L’autorité, le mérite et l’envie
Face à une autorité, le rigide peut tenir tête, défendre ses convictions, jusqu’à ce que sa justesse soit reconnue. Pourtant, il craint aussi l’autorité, parce qu'il a appris qu’elle a toujours raison. Tout doute porté sur lui est vécu comme une injustice.
Pour lui, mériter signifie obtenir la reconnaissance de sa performance. S’il réussit sans avoir suffisamment travaillé, il se sent illégitime, parfois jusqu’au sabotage. Il trouve souvent plus injuste de recevoir sans mérite que de ne pas recevoir ce qu’il croit mériter. Il peut même masquer ses avantages par des plaintes, a du mal à recevoir des cadeaux, et cherche souvent à rendre la pareille. Quand il est favorisé, il veut compenser en aidant les autres, pour rétablir un équilibre perçu.
Le rigide ressent de l’envie envers ceux qui ont ce qu’il estime mériter mais ne possèdent pas, tout en pensant que les autres l’envient à leur tour.
Le rigide et l’exagération
La peur de se tromper est intense. Il veut que chaque détail soit juste et attache une grande importance au bien, au mal, au correct, à l’incorrect. Son discours est souvent ponctué de “d’accord ?” Pourtant, son langage n’est pas toujours juste : il exagère, utilise des superlatifs, généralise. Les mots “toujours”, “jamais”, “très” reviennent souvent, ainsi que les adverbes en “-ment” : exactement, parfaitement, sûrement, probablement…
La difficulté à choisir
La peur de l’erreur le paralyse parfois face aux choix. Il hésite à prendre des décisions, puis doute de leur justesse, surtout quand il s’est donné la priorité. Il se sent alors obligé de se justifier, de peur d’être injuste.
La performance
Au-delà du perfectionnisme, la personne ayant la blessure d'injustice croit qu’il est apprécié pour ce qu’il fait, plus que pour ce qu’il est. Il cherche à être performant à tout prix. Il utilise souvent l’expression “pas de problème”, pensant qu’en niant les difficultés, celles-ci se résoudront plus vite. Il veut donner l’image de quelqu’un d’imperturbable, “parfait”.
Cette exigence conduit à une grande injustice envers lui-même. Il se demande beaucoup trop, pousse les autres à en faire autant. Il s’accorde rarement des pauses et culpabilise quand d’autres travaillent pendant qu’il se repose. Toujours occupé, il a du mal à se détendre, à ressentir du plaisir, à recevoir ou à exprimer de la tendresse. Même au repos, ses membres restent souvent raides.
Il peine à respecter ses limites, a même du mal à les connaître. N’ayant pas l’habitude d’écouter son corps, il attend souvent de “craquer” pour s’arrêter. Demander de l’aide est difficile, il préfère faire seul, pour que tout soit parfait.
Le contrôle et la volonté
Le contrôle est sa stratégie pour atteindre cet idéal de perfection. Son désir de maîtrise est si fort que le contrôle devient une seconde nature. Il ne comprend pas que les autres ne parviennent pas à se contrôler de la même façon. Il confond souvent volonté et contrôle.
Derrière le contrôle se cachent la peur et la négation des besoins. La volonté, elle, est simplement savoir ce que l’on veut et pouvoir atteindre cet objectif tout en respectant ses besoins.
Le masque du rigide
Quand la quête de perfection cache un profond rejet
Derrière le masque rigide se cache une blessure encore plus douloureuse : celledu rejet. Le rigide cherche à devenir tellement parfait que personne ne puisse plus le rejeter. Pour cela, il se coupe de ses propres sentiments, gardant une apparence toujours maîtrisée — ses épaules restent alignées avec ses hanches, sa silhouette semble équilibrée, même s’il prend du poids. Il refuse l’idée d’avoir un ventre, qu’il rentre dès qu’il se tient debout, et souligne sa taille fine avec des ceintures serrées. Son corps trahit sa fierté : mâchoire serrée, cou droit et raide, comme un rempart contre sa vulnérabilité.
Le visage et le regard
Sa peau claire peut montrer des signes de fragilité, des problèmes cutanés qui reflètent la peur d’être touché, ou pire, rejeté. Pourtant, son regard reste brillant, vivant, témoin d’une sensibilité que le reste du corps cherche à cacher.
Postures et comportements
Le rigide a du mal à décoller ses bras du corps, croise souvent les bras et les jambes, comme pour se protéger de ses émotions. Ses gestes vifs, précis, mais rigides, trahissent ce besoin de contrôle.
Il s’assoit toujours droit, jambes serrées ou bien alignées, sa voix est forte, portée, affirmée. Son langage reflète ses attentes : il use volontiers d’expressions telles que « pas de problème », « toujours », « jamais », « exactement », qui trahissent un besoin de certitude et de justesse.
Ce que cache le rigide
Malgré sa sensibilité profonde, le rigide s’entraîne à ne pas ressentir ni montrer ses émotions. Il donne ainsi l’image d’une personne froide, insensible. En réalité, il lutte pour se protéger d’une blessure ancienne. Il craint l’autorité qu’il a apprise inflexible, mais peut aussi se rebeller lorsqu’il est convaincu d’avoir raison.
Sa soif de justice devient une quête de perfection : pour lui, ce qui est parfait est forcément juste. Il confond rigueur et discipline, oubliant parfois son besoin profond derrière la quête des moyens.
Le contrôle de lui-même est sa stratégie pour ne pas faillir, mais il ne voit pas que ce contrôle cache la peur et la négation de ses besoins réels.
Ses relations avec le monde
Il perçoit souvent ses parents comme froids, en souffre, et même si la relation semble bonne, il manque ce lien émotionnel. Convaincu que qu’on l’aime pour ce qu’il accomplit plus que pour ce qu’il est, il se surinvestit, se montre performant, et préfère souvent faire seul.
Il tient tête à l’autorité quand il est sûr de lui, mais peut aussi se sentir coupable s’il ne travaille pas, même en repos.
Le corps et le contrôle
Le rigide préfère le salé au sucré, aime les textures croustillantes, contrôle sa nourriture pour éviter de grossir. Il rentre son ventre, porte des ceintures serrées, et garde une silhouette maîtrisée même en prenant du poids.
Le temps lui manque souvent : il passe beaucoup de temps à se préparer en cherchant la perfection jusque dans les moindres détails.
Émotions profondes
Sa plus grande émotion est la colère, principalement dirigée contre lui-même, mais aussi contre les autres quand ils manquent de justice. Sa peur la plus profonde ? La froideur — qu’il rejette à la fois chez lui et chez les autres. Il se protège de sa vulnérabilité en évitant tout contact sensible, pourtant il aspire à chaleur et tendresse.
Ce qu’il peut apprendre
Que la perfection n’existe pas, et qu’il est libérateur d’accepter l’imperfection.
À être plus doux avec lui-même, surtout envers son corps.
À se laisser aimer, toucher, et montrer son amour.
À se détendre, à ressentir le plaisir et la tendresse.
Mots clés pour reconnaître ce masque
Envie : il envie ceux qui ont ce qu’il estime mériter, souvent plus qu’eux ne le mériteraient.
Mérite : la notion de mérite est essentielle, il veut être sûr de mériter ce qu’il reçoit et refuse la chance facile.
Perfection : sa quête de perfection l’entraîne à un contrôle constant de lui-même.
Tendances somatiques fréquentes
Burn-out, inflammations, constipation, troubles circulatoires, torticolis, crampes, varices, problèmes de foie et de peau, nervosité, insomnie.
Chez la femme, une tendance à l’anorgasme, chez l’homme, à l’impuissance.
Vous sentez-vous concerné ?
La blessure d’injustice et le masque du rigide vous parlent-ils ? Votre corps, vos émotions vous envoient des messages que vous ne pouvez plus ignorer.
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Parce qu’à travers votre corps, une chose vous attend : un "oui" plus grand, un "oui" à la vie !
Rachel Durant
dans les Hauts-de-Seine ou en téléconsultation (pour certaines pratiques)
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