La Blessure de Trahison et le Masque du Contrôlant
- Rachel Durant
- 14 janv. 2020
- 9 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 juin
Et si cette difficulté à faire confiance… à déléguer, à lâcher prise, à vraiment s’abandonner dans une relation… ne venait pas d’un simple trait de caractère, mais d’une blessure de trahison ?
En séance, je rencontre souvent des femmes brillantes, entières, déterminées… mais hypervigilantes. Elles ont besoin de tout maîtriser. Elles contrôlent les moindres détails, veulent être fortes, irréprochables, performantes. Et pourtant, derrière cette force apparente, il y a une peur immense : celle d’être trahie, trompée, abandonnée après s’être livrée.
Cette blessure surgit dans l’enfance, lorsqu’un lien de confiance a été brisé. Un parent qui promet… mais ne tient pas. Un adulte qui dit aimer… mais agit à l’inverse. Un climat où les mots ne collent pas aux actes. Dans cette confusion, l’enfant perd confiance en lui-même et en l’autre, et aussi en sa propre perception des choses.
Alors il ou elle enfile le masque du contrôlant. Celui qui veut tout vérifier, tout comprendre, tout anticiper. Un masque puissant, qui donne l’illusion de sécurité. Mais qui enferme aussi dans l’isolement, l’hyper-responsabilité, la méfiance. L’intimité devient risquée, le moindre engagement, menaçant.
Celui qui trahit, d’une certaine manière, dit : « Tu n’as pas d’importance » Ou pire encore : « Je t’ai manipulé » Et celui qui en souffre garde en mémoire ce sentiment d’avoir été dupé, utilisé, confondu… même inconsciemment.
Guérir cette blessure, ce n’est pas devenir naïf, c’est :
Retrouver le droit de s’ouvrir, sans se perdre
Accepter que la vulnérabilité ne soit pas une faiblesse, mais une porte vers des liens vrais
Désarmer ce mental qui protège, pour que le cœur puisse enfin respirer.

La blessure de trahison
La blessure de trahison prend racine entre deux et quatre ans, au moment où l’enfant développe son identité, son rapport à l’autorité, et commence à explorer le monde du lien, de l’amour et de la confiance. C’est aussi la période du complexe d’Œdipe, où se tisse une relation particulière avec le parent du sexe opposé.
Chez l’enfant touché par cette blessure, le lien avec ce parent est souvent marqué par une forte attirance mutuelle. Un lien intense, parfois teinté de séduction, d’admiration et d’attentes implicites. Ce parent, souvent centré sur lui-même, joue avec ce besoin d’être unique, spécial. Il flatte, promet, capte l’attention… mais ne tient pas toujours parole. L’enfant se sent trahi. Non seulement parce que les promesses sont rompues, mais aussi parce qu’il réalise qu’il a été manipulé, utilisé parfois sans même que cela soit conscient. Il ressent également une forme de trahison chaque fois qu’il voit l’autre parent être trahi par celui qu’il aime tant.
Dans les formes les plus violentes, cette dynamique peut conduire à l’inceste. Mais même sans aller jusque-là, cette confusion précoce entre amour et manipulation peut laisser des traces profondes. Plus tard, cela se rejoue dans les relations intimes. Il devient alors difficile de se laisser aller, de faire confiance, de s’abandonner vraiment. La peur d’être trahi à nouveau reste tapie en arrière-plan.
Le masque du contrôlant
Pour ne plus jamais revivre cette blessure, l’enfant développe un masque : celui du contrôlant. Un masque qui donne l’impression d’être fort, fiable, loyal. Un masque qui rassure : « Je suis digne de confiance ». Il apprend à se contrôler pour tenir ses engagements, se montre fort, impressionnant, charismatique. Il attire l’attention par sa présence, sa voix, son regard. Il peut avoir un corps qui impose, un ventre qui se gonfle comme pour dire : « Je suis capable. Je gère »
Derrière cette force apparente se cache une grande sensibilité. Une vulnérabilité qu’il cache sous le masque du pouvoir, de la séduction ou de la maîtrise. Son regard, souvent intense, sert à garder les autres à distance, ou à capter l’attention. Il peut séduire, intimider, surveiller, tout cela pour éviter de se sentir impuissant.
Ce besoin de contrôle est si fort qu’il ne perçoit pas toujours qu’il devient lui-même trahissant. Il ne tient pas toujours ses promesses, mais justifie ses manquements avec habileté. Il peut même mentir pour sauver les apparences, car il lui est insupportable d’admettre ses failles. Ce qu’il fuit le plus, c’est de voir chez lui ce qu’il condamne chez l’autre.
Contrôle, attentes, impatience, agressivité
Le contrôlant est souvent celui qui a le plus d’attentes. Il veut tout anticiper, tout maîtriser, tout comprendre, tout prévoir. Il attend des autres qu’ils fonctionnent selon ses codes. Et s’ils ne répondent pas à ses attentes, il perd confiance.
Il excelle aussi à deviner les attentes des autres pour mieux les séduire. Il peut dire ce que l’autre veut entendre, sans pour autant avoir l’intention d’agir en ce sens. Il affirme ses idées avec force, cherche à convaincre. Il coupe souvent la parole, parle vite, agit vite, comprend vite… mais ne supporte pas qu’on le freine, qu’on lui résiste ou qu’on l’interrompe.
Dans une compétition ou un jeu, il veut gagner. À tout prix. Quitte à tricher. Il évite les situations où il pourrait être dépassé, humilié, ou mis en échec, surtout face à des personnes qui dégagent autant de force ou de vitesse que lui.
Il se pense affirmé, mais peut devenir agressif quand le contrôle lui échappe. Il passe facilement d’un état charmant à une colère vive. Une montée émotionnelle brutale que l’entourage vit souvent comme une trahison. Il se met plus souvent en colère avec les personnes du sexe opposé, ce qui réactive directement sa blessure.
Il vit dans le futur et supporte mal l’imprévu
Le contrôlant se projette constamment vers l’avenir. Il prévoit, anticipe, calcule. Il arrive en avance, préfère organiser lui-même, refuse les imprévus. Il a beaucoup de mal à vivre l’instant présent, à faire confiance à la vie et à l’autre. Il déteste les retards, la lenteur, l’incompétence (réelle ou perçue). Il est souvent plus exigeant avec les autres qu’avec lui-même, surtout si ces personnes sont du sexe opposé.
Il a du mal à déléguer, à expliquer, à montrer. Surtout si l’autre ne comprend pas rapidement. Il juge facilement ceux qui font différemment de lui. Et pourtant, il attend qu’on lui fasse confiance… sans réaliser qu’il a lui-même du mal à accorder la sienne.
Autorité, courage, réputation et vérité
Le contrôlant valorise la force, le courage, la loyauté. Il déteste ce qu’il considère comme de la faiblesse ou de la lâcheté. Il a du mal à se confier par peur d’être trahi. Mais il peut lui-même révéler ce qu’on lui a confié, souvent sans le vouloir. Il aime intervenir dans les affaires des autres, donner son avis, avoir le dernier mot. Cela lui donne une illusion de maîtrise.
Il n’aime pas être surveillé. Encore moins par un autre contrôlant. Il n’apprécie pas l’autorité, sauf quand il en est lui-même la figure. Il se justifie souvent, sans voir qu’il peut être autoritaire à son tour.
Depuis l’enfance, il veut faire seul, à sa manière. Il attend qu’on le remarque, qu’on le félicite, qu’on reconnaisse son autonomie. Il résiste aux nouvelles idées, déteste les surprises, fuit les questions auxquelles il ne saurait répondre.
Il valorise l’honnêteté, mais peut mentir s’il sent qu’il ne pourra pas tenir ses engagements. Ce qui lui tient le plus à cœur, c’est sa réputation. Il a construit un personnage fort. Et ce personnage ne doit jamais faillir.

les manifestations physiques du masque de contrôlant
Le corps
Il façonne un corps qui inspire force et puissance. Chez l’homme, les épaules sont larges, plus que les hanches. Chez la femme, c’est parfois l’inverse, avec des hanches marquées, symbole de solidité. Qu’il soit mince ou en chair, il occupe l’espace avec assurance. Même un ventre proéminent ne le rend pas lourd : vu de dos, il dégage avant tout de la présence, de la puissance.
Le visage, le regard
Son regard est vif, perçant, parfois séducteur. Il lit vite l’environnement, anticipe. Quand il se sent en danger, son regard devient une barrière : il sait intimider, mettre à distance, garder la main.
Les attitudes corporelles
Il se déplace vite, agit avec fermeté. Il bombe le torse, affirme sa présence, prend de la place. Il ne demande pas la permission, il impose, par la posture autant que par l’énergie.
Ses comportements visibles
Sa façon de s’asseoir
Quand il écoute, il se recule, bras croisés, en position de recul stratégique. Mais dès qu’il prend la parole, il avance son corps, son regard, son énergie, comme pour convaincre, dominer la conversation.
Sa voix
Quand il est ému, sa voix se crispe. Elle devient mécanique, comme s’il tentait de retenir ce qui le traverse. Il préfère le contrôle à la vulnérabilité.
Son langage
Ses mots trahissent sa posture :« Tu comprends ? », « Laisse-moi faire », « Je le savais », « Je suis capable », « Fais-moi confiance ». Mais aussi : « Je ne lui fais pas confiance ». Il veut rassurer... tout en gardant la main.
Ses ambivalences
Il rejette vite ceux qu’il juge faibles : les paresseux, les lâches, les hypocrites, les menteurs. Il déteste être contrôlé, mais il exige l’engagement — chez les autres comme chez lui — tout en redoutant de s’y abandonner. Il peut être charmeur, mais se méfie instinctivement de toute tentative de séduction envers lui. Le lien est sous condition : sécurité avant tout.
Ses confusions intérieures
Contrôler ou diriger ?
Pour lui, contrôler, c’est éviter la dérive, le chaos. Il croit bien faire en donnant des conseils, en corrigeant, en montrant « la bonne manière ». Mais il confond leadership et domination. Diriger, ce serait laisser plus d’espace, de liberté, et ça, il ne le maîtrise pas.
Ses relations aux autres et au monde
Aux autres
Il aime briller, impressionner, montrer qu’il tient la barre. Il veut être perçu comme fiable, fort, responsable. Mais il se méfie. Il juge vite. Il ne supporte ni lenteur ni incohérence. Il intervient souvent dans les problèmes des autres, autant pour aider que pour éviter la trahison. Il excelle dans les rôles de leader, mais se sent plus à l’aise en amitié qu’en amour. Dans l’intimité, si son ou sa partenaire refuse un rapport sexuel, il le vit comme une trahison. Il peut alors mentir, manipuler pour ne pas perdre la face.
À la nourriture
Il mange vite, avec appétit. Il assaisonne abondamment. Quand il est très occupé, il contrôle son alimentation. Dès qu’il se relâche, il peut perdre ce contrôle — et c’est là que sa tension intérieure remonte.
Au poids
Prendre du poids, chez lui, peut être une stratégie inconsciente : occuper encore plus l’espace, montrer sa solidité. C’est une façon de dire : « Je suis là, et je tiendrai ».
Au temps
Il se sent souvent débordé. Pourquoi ? Parce qu’il prend en charge les problèmes des autres autant que les siens. Son besoin de contrôle l’épuise.
Au contrôle
Il ne lâche rien. Il veut tout suivre, tout décider. Non pas pour dominer les autres… mais pour ne pas risquer d’être trahi ou déçu. Il pense que s’il fait lui-même, ce sera mieux fait — et surtout, plus sûr.
Ses plus grandes peurs
Il craint la dissociation. La rupture, la séparation, même temporaire, le plongent dans une panique intérieure. Il redoute l’engagement... et en même temps, il fuit le désengagement. Il vit les relations comme un terrain miné : chaque pas peut faire exploser la confiance.
Ce qu’il a à apprendre
Apprendre à faire confiance
Lâcher le contrôle
Déléguer sans tout vérifier
Ne plus imposer ses standards à tout le monde
Cesser de comparer ses partenaires à son parent du sexe opposé
Prendre des engagements réalistes, et les tenir
S’ouvrir à l’amour sans vouloir tout maîtriser
Croire en sa valeur intérieure, sans avoir besoin de la prouver constamment
Apprendre à garder les secrets confiés, à respecter la parole donnée
Et surtout, descendre de son piédestal pour rencontrer l’autre, à hauteur d’âme
Mots-clés
Jalousie, force, impatience, prévoyance, méfiance, fiabilité, responsabilité, capacité, exigence, séduction, séparation, choix.
Tendances à la somatisation
Ce masque se manifeste souvent à travers des maladies liées au contrôle ou à la perte de contrôle :
Hémorragies
Diarrhées
Éjaculation précoce
Agoraphobie (liée à la peur de perdre la raison)
Problèmes articulaires, notamment aux genoux
Troubles digestifs : foie, estomac
Inflammations (maladies en -ite)
Herpès
Envie de savoir où vous en êtes avec vos blessures ?
Et si vous commenciez dès à présent ?
Si ces mots ont résonné pour vous, c’est certainement que quelque chose en vous cherche à se réaligner, à retrouver son centre.
Je vous propose un premier pas tout simple : un test des 5 blessures de l'âme, à faire chez vous, en quelques minutes.
Ce test vous invite à faire un petit point sur vous-même. Il ne donne pas de “note”, mais ouvre un espace de prise de conscience bienveillante.
En savoir plus
Un pas après l’autre… et déjà, quelque chose change !
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Parce qu’à travers votre corps, une chose vous attend : un "oui" plus grand, un "oui" à la vie !
Rachel Durant
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